DESTINATION : SAINTE-LUCIE
REGION : Gros Islet, Soufrière
(3ème partie)
Ce texte, je le dédie à Pierre Casavant, ami et instructeur de plongée sous-marine qui nous a quittés beaucoup trop tôt. Non sans difficulté et avec un lot de patience, à mon ami Éric et moi, il nous a enseigné la plongée. Pierre est parti avant que je puisse lui raconter ces petites victoires qui viennent avec la pratique…
«Femme de peu de foi, tu verras que tu vas tripper en fou… », disait Pierre qui me voyait avec le teint vert avant chaque immersion de formation. Lors de mon voyage à Ste-Lucie, mon aisance sous l’eau a fait un très grand pas de géant.
Pierre, il est à toi ce texte, tu sauras y retrouver ces petites et grandes victoires. Merci l’Ami!
J’ouvre un œil et j’aperçois une faible lumière qui transparait par la voilure de la porte-patio. D’instinct, je sais qu’il est tôt. Le cadran me confirme qu’il est 6h05… Hop! Je n’ai pas de temps à perdre si je veux voir le matin prendre sa place.
J’adore me promener et découvrir les destinations au petit matin, c’est une perspective sensorielle en plusieurs dimensions : les odeurs de café sur fond d’air salin, les sons et exclamations provenant des cuisines, croiser des lèves-tôt et agréablement me surprendre à envoyer ou répondre aux solidaires salutations entre gens matinaux, apprécier cette sensation du vent et de chaleur sur ma peau, regarder autour et m’amuser à trouver des points de repères…
Lors de chaque voyage et à chaque destination, je fais ma matinale immersion. Ici, sur Reduit Beach, il y a quelque chose qui me « ground », j’ai senti ce feeling dès le premier matin. Le plan de match du jour devrait être bien sympathique : prendre un déjeuner sur la terrasse qui surplombe la plage, rejoindre l’équipe de Scuba Steve’s Diving (S.S.D.) sur le quai du Happy Day Bar à 8h15, plonger et ensuite profiter de la journée autrement.
Lors de notre séjour, nous étions en temps de pleine lune. Certes, cela fait des soirées éclairées, mais ça donne aussi des marées plus fortes. Et qui dit marée forte, dit eau davantage brouillées et mer plus agitée. Reduit Beach n’y échappe pas ce matin; il est facile d’imaginer que se sera une virée plus « brasseuse » en bateau… Ce qui est le cas, mais le capitaine manœuvre à travers les vagues avec aisance et plaisir!
Je ne regrette pas d’avoir enfilé 2 comprimés Gravol avant de partir, ça houle et mon estomac tient bien le coup! On fait un arrêt au Windjammer Landing Hotel pour prendre 4 plongeurs. La manœuvre est laborieuse, le bateau monte et descend de plusieurs pieds et l’embarcation suit les vagues. Non sans difficulté, les plongeurs montent à bord et on reprend la mer direction sud.
Aujourd’hui, nous plongerons les sites d’Anse Cochon, Anse La Raye Wall et Virgin’s cove. Ces sites sont situés dans des anses qui sont protégées des vagues (ce qui est bien planifié pour les plongeurs en apnée). Le site Anse LaRaye marque l’entrée dans la Réserve marine, c’est à une distance en bateau de 10 miles de Gros Islet.
Une petite anecdote avant de poursuivre : hier, à notre retour à l’hôtel par la mer, nous avons attiré l’attention de gens sur la plage, dont celles de Line et Yves. Nous étions tellement emballées à raconter notre journée qu’ils ont décidé de se joindre à nous aujourd’hui. Elle fait de l’apnée, il fait de la plongée, ils sont de bonne compagnie; c’est donc agréable de partager cette journée avec eux.
Le plan de match pour les snorkellers est différent aujourd’hui car ils n’ont pas de guide dédié. Ils reçoivent les informations sur le secteur et se font identifier les points de repère. Le bateau demeurera sur place, les rives sont non loin, les eaux sont calmes dans la baie. Des pieuvres, des hippocampes et des tortues sont fréquemment aperçues dans les environs… brefs, de quoi s’amuser et palmer pour tout le monde!
On saute à l’eau à 10h12, le premier site est Anse Cochon nord ; on atteint un plateau vers 15’ et on poursuit la descente à 60’. Mon masque embue dès les premiers pieds : tout en descendant, je fais entrer un filet d’eau pour rincer la vitre puis je purge l’eau. Voilà, c’est réglé et je vois bien! Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, elle me stressait cette manœuvre… ce souvenir me fait sourire et j’envoie une pensée à Pierre et Éric qui étaient là lorsqu’encore j’anticipais avec crainte de nettoyer mon masque sous l’eau.
La descente se poursuit… même avec une belle vitre propre, c’est brouillé et ce n’est pas aussi clair qu’hier car les fonds marins ont été brassés par les courants et les fortes marées. Tout de même, c’est joli et coloré ici, il y a de grandes sections de coraux, de nombreux bancs de petits poissons et on se promène entre des massifs rocheux où la vie est dynamique. Dans les sableuses sections, j’y ai vu de beau gros « duster worms », très comiques ! Ma balade sous-marine aura duré 53 minutes et j’ai peu consommé d’air car je reviens avec près de 1800psi (au départ, j’avais un franc 3000psi). Wow ! je suis vraiment calme… ma respiration en témoigne.
Une joyeuse pause de surface où ça placote, le petit lunch offert par S.S.D. est accueilli avec plaisir et le soleil joue à cache-cache avec les nuages. La pause sera de 50 minutes avant de retourner à l’eau et, cette fois-ci je porte le veston de mon wetsuit car j’anticipe les frissons… je me sens frileuse aujourd’hui et se serait triste de couper ma balade.
3-2-1… c’est un départ pour la seconde immersion qui enchaînent les sites de Anses La Raye wall et Virgin’s Cove. Lors de la descente, il y a un léger courant et la visibilité est meilleure, il y a moins de sédiments. C’est plaisant et aérien de descendre ce mur, ça grouille de vie.
Nous sommes 7 plongeurs et 2 guides, dont Shirley qui est en tête et qui avance lentement avec son pointeur à l’affût. Elle prend le temps d’arrêter, montrer et faire des signes. Ok, je ne les comprends pas tous, j’ai du travail à faire en matière de reconnaissance des signes. Je projette de prendre un petit cours d’identification des espèces (quel beau projet…).
On avance tranquillement, les plongeurs maintiennent un bon espace entre chacun, c’est plaisant. Je devance le guide qui ferme le rang, j’avance lentement tout en regardant le mur, puis je la vois… une superbe pieuvre ! Elle est là, recroquevillée… puis elle se déploie et avance entre les rochers. De brefs coups d’œil à gauche et à droite me font croire qu’il semble que je suis seule à la voir. Je profite de quelques secondes d’observations solitaires avant de faire signe au guide tout en mimant ma propre interprétation du signe visuel identifiant la pieuvre. Puis « pouf », elle s’éloigne rapidement et envoie un jet d’encre.
La plongée se poursuit le long du récif… gorgorian et brain coral, basket sponge, concombre de mer, raie des sables, barracuda, trumpetfish, etc. C’est une bien jolie balade de 48 minutes que nous avons fait et je remonte avec un peu plus de 1000psi en bouteille pour une profondeur maximale de 56 ‘.
La “Soufriere Marine Reserve” est un site protégé et un frais spécifique est chargé aux opérateurs par un permis de droits annuels. Chez S.S.D., c’est $5USD qui est chargé par jour, à raison d’un $15USD max par séjour. Les fonds recueillis sont gérés par la Reserve, une organisation à but non lucratif autorisée par le gouvernement de Sainte-Lucie.
D’ailleurs, lors de l’une de nos sorties dans le secteur Soufrière, nous avons été contrôlés par les « rangers » de la Reserve. L’association a le mandat d’action et de prévention, la conservation des milieux naturels, le développement durable auprès des secteurs des pêches et du tourisme, effectuer des recherches et évaluations de santé des fonds et coraux, etc.
À voir les résultats et la beauté des fonds marin de Sainte-Lucie, ça ne me rend pas amer de défrayer ces coûts. Certes, les plongées sont relativement coûteuses ici, mais je considère qu’avec la qualité de service et d’installation de S.S.D., c’est bien acceptable. La destination est sublime, les fonds marins sont en santé, je suis en bonne compagnie, la météo m’est parfaite… je le savoure vraiment mon voyage annuel !
Au retour à l’hôtel, en début d’après-midi, on s’offre un petit casse-croûte et une Piton Beer, la traditionnelle et populaire bière du pays. Rien de tel pour planifier les jours à venir… demain sera l’exploration du Parc de Pigeon Island, le lendemain se sera en plongée et la journée suivante nous serons en excursion de montagnes. C’est le gros plan… vous pourrez en découvrir les détails dans la prochaine chronique !